Opéré par Odebrecht et Naval Group au travers de leur société commune ICN (Itaguaí Construções Navais), le nouveau chantier naval de la marine brésilienne spécialisé dans la construction de sous-marins va connaitre rapidement un important creux de charge. Cela, du fait de la fin rapide du programme des quatre sous-marins du type Scorpène, réalisés localement grâce à un transfert de technologie opéré par la France dans le cadre d’un contrat signé fin 2009. La relève doit être assurée par le projet des premiers sous-marins nucléaires d’attaque (SNA) brésiliens, les SN-BR, mais la tête de série, l’Álvaro Alberto, ne verra pas sa production débuter avant 2022 et les suivants (quatre en tout sous pour le moment prévus) ne seront probablement pas commandés avant 2023/2024. Un programme éminemment complexe qui prendra évidemment du temps, la mise en service de l’Álvaro Alberto n’étant pas prévue avant 2033/2034. Odebrecht et Naval Group s’activent donc, en collaboration avec la marine et l’Etat brésiliens, pour trouver de la charge au chantier afin de ne pas perdre ses précieuses compétences, acquises au prix de 10 ans d’efforts et de milliards d’euros d’investissements.
Préserver les acquis
Alors que le premier des quatre Scorpène brésiliens (S-BR), le Riachuelo, est en essais en vue d’une livraison en 2021, son premier sistership, l’Humaita, a été mis à l’eau le 11 décembre et doit être réceptionné par la Marinha do Brasil en 2022. Simultanément, la coque épaisse du troisième S-BR, le Tonelero, a été fermée, en vue d’une mise à l’eau dans un an et d’une livraison en 2023. Puis viendra en 2024 l’Angostura, dont les sections sont en cours de réalisation. Ce qui signifie qu’il n’y a déjà plus de travail chez ICN dans les phases amont de la production. Le programme des quatre Scorpène en est aujourd’hui à 78% d’avancement sur la construction. « L’enjeu, maintenant, est la préservation des compétences de construction de sous-marins qui ont été acquises ces dernières années afin de pouvoir réaliser le premier SNA brésilien », explique à Mer et Marine André Portalis, président d’Itaguaí Construções Navais.
Le chantier d’Itaguaí appartient pour mémoire à la Marinha do Brasil, qui l'a fait édifier par le groupe brésilien Odebrecht (Naval Group apportant son expertise pour la définition des capacités industrielles). Il est opéré par ICN, société brésilienne détenue à 59% par Odebrecht et à 41% par Naval Group. L'entreprise emploie aujourd’hui 1800 personnes à Itaguaí, contre environ 2000 au plus fort de l’activité fin 2018. « Nous pensons descendre autour de 1600 personnes, parmi lesquelles 600 sont vraiment des compétences clés, qu’on ne peut pas entretenir sans leur donner quelque chose à faire. Mais une entreprise, c’est comme une équipe de football : autour des quelques joueurs clés, il faut une équipe, et l’équipe doit former un tout, s’entrainer beaucoup et jouer des matchs ; c’est pareil avec ICN pour les 1600 personnes dont 600 compétences clés ». En attendant le lancement de la construction du premier SNA brésilien à partir de 2022, ce qui redonnera de l’activité aux spécialités de coque notamment, il faut donc trouver des solutions. Depuis l’année dernière...
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