Union des compétences : une occasion manquée

Rédigé le 04/04/2025
UNSA

Le 5 mars dernier, la Commission européenne a présenté sa stratégie pour une “Union des compétences”. Pour l'UNSA, ce plan ne répond pas aux enjeux actuels en raison d'une confusion entre pénurie de compétences et pénurie de main-d'œuvre. En effet, cette dernière est davantage liée à des niveaux de rémunération et des conditions de travail peu attractifs.

En 2022, seuls 56 % des 16-74 ans possèdent au moins une des compétences numériques de base, alors que plus de 90 % des emplois les exigent. Forte de ce constat, l'Union des compétences, pilotée par la nouvelle commissaire européenne aux affaires sociales, Roxana Mînzatu, repose sur quatre piliers :

  • L'acquisition des compétences de base avec la mise en place d'un programme pilote pour soutenir l'apprentissage des compétences fondamentales.
  • La formation continue via une garantie des compétences pour encourager la formation et la reconversion professionnelle.
  • La mobilité des travailleurs au sein de l'Union européenne (UE) pour favoriser la portabilité et la reconnaissance des qualifications.
  • L'attractivité des talents hors UE avec un “réservoir de talents” pour faciliter l'entrée de travailleurs étranger dans les secteurs en tension.

En complément, la Commission a annoncé une gouvernance renforcée avec la création d'un Comité européen de haut niveau sur les compétences, réunissant partenaires sociaux et entreprises pour formuler des recommandations stratégiques. De plus, un observatoire de renseignement sur les compétences sera mis en place, pour mieux anticiper les besoins et aligner les formations avec le marché du travail.

Cependant, pour l'UNSA et la Confédération européenne des syndicats (CES), dont elle est membre, il est à craindre que L'Union des compétences ne réponde pas aux besoins des travailleurs face à la triple transformation démographique, numérique et écologique.

En effet, les pénuries de main-d'œuvre et les pénuries de compétences doivent être traitées de manières distinctes. Les pénuries de main-d'œuvre résultent principalement du manque d'emplois de qualité, souvent peu attractifs, mal rémunérés et précaires.

Ainsi, l'Union des compétences ne fait pas de la formation un droit et ne prévoit pas d'actions concrètes pour mettre en œuvre le premier principe du socle européen des droits sociaux. De plus, elle ne tient pas compte de la directive sur les conditions de travail transparentes et prévisibles, qui devrait garantir les droits à la formation par la loi et des conventions collectives.

Avec 128 millions d'adultes en Europe ayant besoin de formation ou de reconversion, les employeurs doivent assumer la responsabilité quant à la formation continue en fonction de l'évolution des exigences de l'emploi. La garantie des compétences n'est qu'un premier pas qui doit mener à un droit effectif à la formation. Toute aide financière ou subvention aux entreprises dans ce cadre devrait être soumise à des conditions sociales strictes, garantissant le respect des conventions collectives et des droits des travailleurs.

L'UNSA déplore que cette stratégie repose sur une vision réductrice, qui fait primer la réussite économique par l'attraction des talents, la déréglementation et les compétences sur les droits des travailleurs. Nous appelons à une approche fondée sur les droits garantissant à chaque travailleur un accès effectif à la formation et à des qualifications qui leur donnent les moyens d'agir et de sécuriser leurs parcours professionnels, et pas seulement pour servir aux besoins des entreprises.

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